Les gestionnaires des ressources humaines et les équipes chargées de l’acquisition des talents doivent faire bon usage des données et donner la priorité à la préparation dans les processus de recrutement et d’embauche, en particulier lorsqu’il est temps de négocier les salaires ou les contrats.
Dans un monde qui se remet de la pandémie, la disponibilité de la main-d’œuvre sur le marché du travail reste rare, sur fond d’une économie incertaine. En d’autres termes, il est essentiel pour les employeurs de désapprendre les méthodes de recrutement réactives et adopter une stratégie axée sur les données et les talents, qui comprend des solutions exploitables en matière de négociations salariales et de contre-offres.
Les informations ci-dessous reflètent des tactiques de négociation pour rester dans les clous des taux de marché compétitifs et équitables et former des stratégies pour contrer les contre-offres.
Considérations relatives à la négociation des contrats
La pandémie et la Grande démission (ou le Grand remaniement) ont modifié le paysage de la rémunération dans de nombreux secteurs et pour de nombreux postes. Les employeurs qui passent outre la dynamique actuelle du marché risquent de surpayer les candidats, de perdre les candidats souhaités, voire de nuire à l’image de marque de l’entreprise, si la rémunération et les avantages sociaux proposés ne sont pas à la hauteur des normes actuelles.
Pour recruter les meilleurs talents tout en offrant un salaire équitable (pour les employés traditionnels à temps plein) ou un taux de marché équitable (pour les travailleurs contractuels), suivez ces tactiques de préparation à la négociation :
Exploiter les données sur le recrutement et les effectifs
Le suivi, l’évaluation et la comparaison des données relatives aux fonctions et à leurs compétences correspondantes présentent plusieurs avantages pour les négociations contractuelles, à savoir :
Établir des points de référence en matière de salaire ou de taux pour les postes individuels
S’assurer que les offres suivent l’évolution des conditions actuelles du marché
Éclairer les offres objectives reposant sur des données probantes
Éviter de faire des offres gonflées à des candidats ne possédant pas les compétences nécessaires
Les entreprises qui emploient des travailleurs contractuels ou des entrepreneurs indépendants doivent établir des grilles salariales pour chaque poste et les mettre à jour périodiquement, ou à tous le moins tous les deux ans. Au moment d’actualiser les grilles de taux, tenez compte des conditions actuelles du marché de travail, de l’évolution des catégories de rôles, de la progression des compétences et des nouvelles technologies.
Donner une priorité plus grande au talent qu’au budget
Il ne s’agit pas d’un encouragement à dépenser plus qu’il n’en faut sur un candidat souhaité, mais d’être conscient que la négociation d’un contrat est un exercice d’équilibriste qui, dans le climat actuel, penche vers le talent.
Avant de faire une offre qui servira de point d’ancrage aux négociations subséquentes, les gestionnaires recruteurs feraient bien d’essayer de recueillir des détails sur le taux préféré du candidat et ses motivations pour accepter le poste. Grâce à ces informations et à des données salariales actualisées, les employeurs peuvent établir une fourchette de rémunération viable et mettre le doigt sur les compromis que le candidat pourrait être prêt à faire dans le processus de négociation.
Mettre en évidence des raisons convaincantes autres que le salaire
Le salaire et les avantages sociaux restent des facteurs importants pour les demandeurs d’emploi, mais ne sont pas nécessairement les facteurs les plus importants.
Par exemple, selon le rapport Voice of Talent de 2021 publié par Procom, les modalités de travail souples sont tout aussi importantes pour les demandeurs d’emploi que la rémunération, près de 70 % des travailleurs ayant considéré de telles modalités comme « très importantes ». Lors de la négociation des contrats, il est important de mettre en évidence les raisons convaincantes, autres que le salaire et les avantages sociaux, pour lesquelles les candidats pourraient vouloir se joindre à votre entreprise :
Une culture organisationnelle stimulante
L’accent mis sur la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale
Les possibilités d’avancement de carrière et de perfectionnement professionnel
Un fort sentiment de vocation sociale
Communiquez sans flou les caractéristiques distinctives de votre entreprise par votre image de marque et tout au long du processus de recrutement.
Agir vite
Les employeurs doivent être transparents quant aux délais d’embauche prévus et communiquer rapidement tout changement.
Les employeurs qui font traîner les processus d’entretien ou de négociation risquent de perdre des talents. La plupart des demandeurs d’emploi s’attendent que le processus d’entretien dure deux semaines ou moins. Les candidats commencent à se désintéresser s’ils n’ont pas reçu au moins un suivi dans ce délai.
Pour tenir le cap, formez votre équipe de recrutement et fixez des échéances. Désignez les personnes qui participeront aux entretiens, préparez vos questions et traitez chaque entretien avec équité.
Contre-offres : se préparer et contrer
De nombreux demandeurs d’emploi restent en poste pendant qu’ils cherchent un autre emploi. Leurs employeurs peuvent alors tenter de les maintenir en poste en faisant une contre-offre lorsqu’ils font part de leur intention de partir. Les contre-offres prennent souvent les employés au dépourvu, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il est conseillé aux responsables du recrutement de s’y préparer.
Types de contre-offres
Les contre-offres se présentent sous différentes formes, notamment :
Une rémunération financière plus importante ou des avantages sociaux plus riches
Titre supérieur ou responsabilité accrue
Modification de la structure hiérarchique
Promesses d’avancement de carrière
Parfois, les employeurs peuvent susciter un sentiment de culpabilité ou jouer sur la manipulation émotionnelle pour garder un employé important. Il faut faire attention aux employeurs actuels qui calomnient ou dénigrent un employeur potentiel, ce qui peut se retourner contre eux.
Prévenir les contre-offres
Les contre-offres surviennent généralement pendant la phase de négociation du contrat et, bien qu’elles soient parfois inévitables, les employeurs peuvent prendre certaines mesures pour les prévenir et les détourner.
Envisagez de poser certaines des questions suivantes lors de la sélection des candidats ou lors des entretiens :
Cherchez-vous activement un nouvel emploi?
Pourquoi voulez-vous quitter votre poste actuel?
Êtes-vous satisfait de votre rémunération actuelle et de vos promotions ou augmentations précédentes?
Votre entreprise fait-elle des contre-offres aux employés qui décident de démissionner?
Comment réagiriez-vous si votre employeur vous faisait une contre-offre?
Il est vrai qu’en posant ces questions, les employeurs potentiels n’empêcheront peut-être pas complètement les contre-offres, mais elles pourront comprendre les motivations des candidats et se préparer si une contre-offre est faite.
Contrer les contre-offres
Si un candidat reçoit une contre-offre, les questions suivantes peuvent l’aider à se concentrer sur les raisons impérieuses qui l’ont poussé à chercher un autre emploi et à se concentrer sur l’occasion qui se présente :
Vous sentez-vous apprécié par votre employeur actuel, et quel type de reconnaissance est important pour vous?
Pourquoi votre employeur ne vous a-t-il pas fait une meilleure offre que lorsque vous l’aviez informé de votre intention de partir?
L’argent était-il votre principale raison d’envisager un nouvel emploi?
Où vous voyez-vous dans six mois, deux ans et au-delà si vous restez dans votre poste actuel?
Êtes-vous satisfait de la direction chez votre employeur actuel?
Cette contre-offre vous privera-t-elle de possibilités d’augmentation ou d’avancement futures?
Les contre-offres sont souvent des rectifications du tir dans le cadre de relations professionnelles irréparables. Il faut rappeler aux candidats les raisons impérieuses qui les poussent à faire un changement; si la direction chez son employeur actuel rend le candidat malheureux, ce malheur ne va pas soudainement disparaître avec plus d’argent et la même direction.